Et si nous arrêtions d'aider ?
Les maladies mentales sont reconnues pour affecter le fonctionnement d’une personne dans toutes les sphères de vie : réseau social, au travail, vie familiale, etc. Toutefois, nous oublions parfois que les proches, que ce soient les amis, la famille, les collègues, sont aussi grandement affectés par cette maladie et vivent en majorité de l’impuissance dans la situation.
Dans une approche bienveillante envers leur proche, plusieurs des nouveaux clients qui nous contactent demandent : « Mais comment puis-je aider mon proche? ». Dans ces quelques paragraphes, j’essayerai d’expliquer pourquoi nous n‘utilisons que rarement le verbe « aider », mais plutôt « accompagner », ce qui pourrait aussi vous amener à redéfinir votre rôle auprès de la personne qui vous est chère.
Pourquoi « aider »?
Le premier réflexe lorsque nous pensons au mot « aide », est de se référer à la définition de base qui est « Appuyer [quelqu’un] en apportant son aide, assister, seconder, secourir, soulager, soutenir » (Petit Robert, 2022). Cependant, cette définition résonne plutôt en nous comme un rôle de prise en charge de la personne, la notion de devoir, de sauveur, car celle-ci nous semble incapable de prendre soin d’elle.
Il faut comprendre que la personne atteinte d’une maladie mentale n’est habituellement pas inapte, n’a pas de déficience intellectuelle et ne souffre pas d’un handicap. Cela veut dire que cette personne peut toujours prendre ses décisions par elle-même, bien qu’il puisse arriver que ses décisions nous semblent illogiques ou insensées ce qui amène des conflits. Plus nous tentons de «l’aider », plus elle pensera que nous tentons de l’infantiliser ou que nous tentons de prendre le contrôle de sa vie.
Dans cette optique, nous pensons qu’il est plus sage de redéfinir notre rôle auprès de notre proche afin de l’accompagner dans son quotidien. Ce mot n’est pas magique, mais la façon dont nous appliquerons ce changement a parfois un grand impact sur la relation que vous aurez auprès de la personne atteinte.
Comment nous voyons le rôle d’accompagnateur?
Nous pouvons alors nous référer au rôle d’accompagnateur tel que décrit par le Réseau Avant de Craquer: « Accompagner un être cher fait ¬référence au soutien que vous pouvez lui offrir et non pas une prise en charge de sa vie. Il s’agit d’un rôle respectueux envers votre proche qui n’enlève en rien les sentiments que vous éprouvez envers lui, et ce, tout en respectant son autonomie. » (L’Indispensable, p.12, 2012).
Nous pouvons donc comprendre que ce rôle vise à respecter l’autonomie de notre proche et de viser la responsabilisation de celui-ci. De plus, ce nouveau rôle d’accompagnateur vise aussi à nous enlever un poids sur les épaules, car être proche-aidant est très énergivore et souvent lourd à porter.
Concrètement, que nous pouvons faire pour cela?
La réponse est plutôt facile. Il faut changer notre attitude de « sauveur », accepter notre sentiment de culpabilité souvent lié à l’impuissance, et prendre une attitude « responsabilisante ». Vous me direz bien que cela semble plus facile à dire qu’à faire, mais voici quelques exemples qui pourrait vous étonner dans leurs simplicités :
À tenter : J’observe que tu me sembles plus distrait/sensible/triste/agité qu’à l’habitude. Ressens tu aussi cela? Est-ce qu’il y a quelque chose que tu aimerais faire pour aller mieux? Aimerais-tu prendre rendez-vous chez ton médecin pour en discuter avec lui? *
À tenter : Tu sembles avoir oublié de payer tes dernières factures et dépensé l’argent prévu pour celles-ci. Veux-tu que nous nous rencontrions pour revoir ton budget? Veux-tu consulter un conseiller financier qui pourrait t’aider à trouver une solution à tes dettes? *
À tenter : Lorsqu’il m’appellera, je lui dirai que je ne suis pas à l’aise qu’il revienne vivre avec moi à la maison actuellement, je lui conseillerai de consulter une intervenante à l’hôpital, qui pourra lui référer des ressources d’hébergement de transition. *
*Ces exemples sont simplifiés et généralisés, mais représentatifs des discussions que nous avons régulièrement avec nos clients.
Il est possible que votre proche ne réagisse ou ne réponde pas de la manière que vous le souhaiteriez. Il est donc important de respecter son autonomie et que celui-ci vive les conséquences, positives ou négatives, de ses choix pour en retirer des apprentissages.
Lorsque nous vivons régulièrement des situations où nous sommes spectateurs de la détresse de notre proche, il est normal de ressentir le besoin de l’aider. Toutefois, il est parfois plus dans son intérêt et dans le vôtre, de l’accompagner dans son processus de mieux-être plutôt que de prendre tout sur vos épaules. C’est pourquoi nos intervenants du Pont du Suroît sont disponibles pour VOUS ACCOMPAGNER dans l’apprentissage de nouveaux outils, pour spécifier votre nouveau rôle et préserver votre bien-être mental.
Pour toute question ou pour rencontrer un intervenant, passez par notre site web sur « Prendre un rendez-vous » ou téléphonez-nous au 450-377-3126.